jeudi 1 novembre 2012

LE VILLAGE NÈGRE : EXTRAIT 1




Les premiers jeux

 Les premiers jeux d’enfance étaient très classiques, mais la configuration du quartier toujours en construction, donnait des variantes intéressantes à « la tapette »* et au « chat perché ».  
 La «cachette» fut l’occasion des premiers conflits, des premières influences, des premières approches. Par connivences, on retrouvait toujours les mêmes à « coller » contre l’arbre de la pelouse et selon l’humeur de la majorité influente, le comptage imposé variait de façon peu impartiale. Si le colleur nous trouvait trop vite, c’est qu’il avait reguigné*, il fallait donc recommencer. On se cachait souvent par deux, dans une complicité enfantine.
 Ce fut aussi les premiers temps des amitiés sincères, des premiers coups de cœur de gosse, les premiers vague à l’âme. La corde n’en finissait pas de tourner pour le «palais royal ». C’était vraiment un beau palais, et comme toutes les jeunes filles étaient à marier, nous connaissions les premières rougeurs, si c’était oui, c’était de l’espérance, si c’était non, c’était de la souffrance. On sautait au rythme de l’alphabet pour heurter la corde, au bon moment, sur la bonne initiale. Pour aller jusqu’à « M », ça allait, mais pour aller jusqu’à « V », c’était un véritable exploit. Chacun attendait son tour et l’espoir grandissait ou retombait d’un coup. Même chez les enfants il y a beaucoup d’adrénaline.
 Autre jeu où nous pouvions marquer notre influence : le «je-déclare-la-guerre ». Le cercle des pays, amis ou ennemis, prenait toute la largeur de la route. Les morceaux de plâtre et les craies blanches, piquées à l’école, étaient nécessaires pour défaire et refaire les territoires. Très vite, celui ou celle qui faisait office de tête de turc, n’avait plus la place que pour mettre un seul pied dans le cercle. Les territoires des filles, qui avaient nos faveurs, restaient intacts le plus longtemps possible. C’était Mimi pour les uns, Pépée pour les autres, ou encore Muguette et plus tard Viviane, et puis les plus jeunes Claudine, Georgette, Marilène …. La partie se terminait toujours par un « j’en ai mare c’est toujours les mêmes !», les mêmes c’était souvent Roger ou Claude, alors on passait à autre chose.
 
 « La balle au camp » était aussi un jeu très répandu. Chef d’équipe, et après tirage-aux-pieds, j’étais peu enclin à l’égalité des forces dans chaque camp, j’avais suffisamment d’influence pour que ceux ou celles que je voulais, viennent derrière moi, même s’il fallait tricher un peu pour cela.
 D’autres jeux comme l’épervier où l’on pouvait tenir, bien serrée, la main de sa copine, le mouchoir qui tombait toujours derrière l’élue, le jeu des métiers où l’on s’éloignait par deux, …. ont tissé les liens,  noué ou renoué les amitiés d’une bande de gosses habitant le même quartier. Ces plaisirs se renouvelaient chaque année. La fin de notre enfance fut difficile à marquer dans le temps. Le passage de nos jeux d’enfant autour de « la pelouse » ou du « talus » à nos regroupements d’adolescents sur « les escaliers », dura un moment …un temps d’incertitude !
 
 Extrait du livre 1    



RETOUR AU MENU










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire