Vosges matin 29 février 2012
Sœurs Bernadette : le passé passe le relais
L’histoire
des Sœurs Bernadette est intimement liée à celle de Thaon. C’est à la fin du
XIX e siècle que l’abbé Bogard, curé de Thaon, eut l’idée de
rendre l’enseignement du catéchisme plus vivant et plus compréhensif pour les
petits. Cette idée était d’enseigner le catéchisme par le dessin avec un
croquis simple au pochoir (silhouettes noires sur fond blanc). Des centaines de
dessins qui constituèrent une méthode révolutionnaire permettant d’éliminer
toute barrière linguistique et s’exportant dans 58 pays. Un volet parmi
d’autres de l’héritage des Sœurs Bernadette.
Les travaux de
réhabilitation en une maison communale inter-générations du bâtiment qui a
abrité la congrégation des Sœurs Bernadette va débuter. Auparavant, la Ville a
ouvert une ultime fois l’endroit.
Plus de 300 visiteurs, et de toutes générations, ont voulu s’imprégner, une première fois pour certains des lieux. Ceux qui n’ont pas connu le temps du catéchisme et de l’enseignement par la fameuse «méthode Bernadette» par l’image exportée dans 58 pays, de l’école ménagère, de la garderie, l’internat pour jeunes filles et encore bien d’autres temps forts qui rythmaient la vie d’alors. Une dernière fois pour d’autres qui connurent cette période pas si lointaine. Les Sœurs Bernadette, dont l’histoire est retracée à la salle du patrimoine, ont laissé leur empreinte. C’est aussi pour cela que la ville a décidé que la future vocation du bâtiment serait «inter-générationnelle», en y mixant l’artistique, le culturel, l’associatif, le social, etc. Une deuxième vie qui fera l’objet d’un second opus dans nos colonnes. Retour sur cet après-midi de visites.
Dominique Momon,
maire, André Porel, adjoint chargé du patrimoine, et Thomas Visine, responsable
des services techniques étaient là pour accueillir les premiers visiteurs dès
14 h face à l’escalier qui sera l’un des témoignages d’exception conservé dans
la future structure (voir encadré). Le premier groupe constitué, la visite
commence selon un cheminement balisé.
Un premier groupe dans
lequel figure Antoine Valsésia, fils du bâtisseur des lieux. « J’étais jeune.
Nous venions ici jouer avec les copains pendant les travaux. En ce temps-là,
les échafaudages étaient avec des perches plantées dans des tonneaux cimentés.
Nous avons toujours gardé de bons rapports avec les Sœurs…» Les pièces sont
vides, certains le regrettent mais concède volontiers que c’est logique et ce,
d’autant que des visites nocturnes ont déjà été constatées malgré les précautions
prises. Joëlle Babé est venue avec sa fille et son gendre. « J’ai couché ici.
J’avais 21 ans et n’avais plus de chez moi. J’étais avec les étudiantes que les
Sœurs logeaient. Nous avions des boxes.» Laëtitia et David sont venus pour
apprendre. Eux habitent depuis 8 ans à Thaon.
Les pièces défilent,
leur guide explique le passé mais aussi l’avenir. Ainsi la cour intérieure sera
un espace à vivre ouvert débouchant sur la rue de Lorraine. Juste après, les
visiteurs pénètrent dans une vaste salle qui de salle de théâtre deviendra un
petit auditorium pour l’école des arts musicaux. Et puis, il y a les quelques
traces laissées. Comme les vitraux, une baignoire sabot, des radiateurs d’un
autre temps, etc. Suzanne et André Adam se souviennent. « Je venais à l’école
maternelle ici. Il y avait aussi des expositions et puis l’école des arts
ménagers pour les jeunes filles de la campagne.» La visite ira jusqu’aux
combles pour un point de vue sur Thaon, et l’impression d’approcher le clocher
de l’église Saint-Brice voisine. Avant de partir, les visiteurs pourront
s’attarder sur les plans de la «maison inter-générations». La nouvelle vie des
Bernadette peut commencer.
Un escalier d’exception
La future «maison
inter-générations» aura une architecture qui va mixer l’ancien et le
contemporain, comme pour la partie qui recevra la maison des arts musicaux. A
l’intérieur, l’escalier central sera conservé, ce qui constitue une exception
aux obligations.
Cette dérogation a pu
être obtenue au regard de la conception de l’ouvrage. Celui-ci est un escalier
suspendu, sans portant, et dont le matériau principal est de la pierre de
Comblanchien. Cette pierre de dureté comparable au marbre fut notamment
utilisée pour la construction des marches de la nef du Grand Palais ou encore
pour l’opéra de Paris.
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