Article écrit en 2012
Vosges Matin 24.09.12
Vosges Matin 24.09.12
Du 14 septembre 1944 jusqu’au
24 septembre, jour de libération de la ville, dix journées palpitantes
entre espoir et déception, à revivre intensément.
Destruction, à la libération, de l’atelier teinture de
la BTT de Thaon par un obus tiré d’une automitrailleuse.
Le 14 septembre 1944, une voiture blindée de
l’armée Patch venant d’Épinal en reconnaissance arrive à Chavelot et aperçoit
des Allemands montant vers la côte de Chavelot côté Thaon. Une rafale est tirée
des deux côtés alors que deux civils voyant le sigle américain sur un véhicule
sortent avec un drapeau bleu blanc rouge. Ils sont en plein sur la trajectoire
des tirs. Bilan : un mort (Paul-André Mathieu) et un blessé grave, son papa
(Joseph-Eugène Mathieu).
Destruction à la libération de l'atelier teinture de la BTT par un obus
Le 18 septembre, à 1 h 35 du matin, les ponts
minés par les Allemands en fuite sautent l’un après l’autre. Cela commence par
le pont du Canal de l’écluse 20 puis le 19 Igney et les 20 et 21 Chavelot ainsi
que le pont qui enjambe le canal vers Girmont, la passerelle de l’Eau-Blanche
puis le pont surplombant le canal de l’usine et enfin le pont de Girmont sur la
Moselle.
Le 19 septembre : le capitaine Aron de la 2 e
D.-B. se trouve en position délicate. Il commande en adjoint le groupe du 2 e
Génie divisionnaire et sa section est en arrêt obligatoire entre Châtel et
Moriville côté forêt de Fraize et le ravitaillement ne suit plus. Il attend des
munitions, de l’essence et tout ce qui est utile à ses troupes. Le capitaine
demande à une automitrailleuse d’aller en avant-garde à Thaon via Igney.
Celle-ci se fait tirer dessus à hauteur de la Héronnière par des Allemands
repliés en défense sur la route entre Vaxoncourt et Girmont.
Le 21 septembre : une autre automitrailleuse
s’infiltre jusque dans Thaon-les-Vosges s’arrêtant à la hauteur des Ets
Gérard-Faintrenie face à la boulangerie Seigner. Les gens sortent de partout
avec des drapeaux français et alliés croyant à la libération. Il faut
déchanter. Les soldats demandent s’il y a des Allemands et à la réponse
négative demandent où ils peuvent rencontrer le maire M. Ehrwein et
recommandent de ranger les drapeaux en promettant de revenir bientôt.
Une jeep de l'armée Leclerc de la 2ème D lors du feu à la boulangerie Seigner le 24 septembre 1944
Le 24 septembre à 9 h du matin : enfin, un très
gros détachement (jeeps, automitrailleuses, tracks et chars légers) arrive par
le nord venant de Nomexy. La 2 e D.-B. fait son entrée triomphale
dans Thaon. Aux renseignements, les Allemands en petits groupes sont vers le
canal de l’Est, ils se replient par le Cours (place Jules-Ferry) vers la BTT.
Quelques coups de mitrailleuses sur la BTT font quelques morts et blessés dans
les rangs des Allemands qui se rendent très vite. Un bâtiment est en feu et va
vite s’effondrer dans une gerbe d’étincelles. C’est fini. Tout Thaon est dans
la rue principale. On rit, on chante, on danse… quelle joie. Ce jour restera
inoubliable. Un avion Pipet-bule sillonne le ciel en tournant sur la ville,
c’est un avion blindé de reconnaissance qui renseigne l’armée sur la fuite des
Allemands en débâcle qui se replient vers Rambervillers.
Il est 14 h et nous voyons les gars de l’armée
regagner leurs véhicules, ils retournent vers Nomexy. Bien vite ils nous
rassurent : ils sont rappelés pour passer la Moselle à Châtel où un pont Bellay
a été lancé sur la rivière, en vue d’aller sur Rambervillers et Baccarat puis
Strasbourg alors que les blindés de l’armée Patton dévalent la rue de la gare
pour prendre la relève. C’est fin, nous ne reverrons plus d’Allemands à Thaon.
Merci pour cette histoire que je me permets de compléter très modestement. Dans le dossier de résistant FFI de mon père, né à Thaon, il est mentionné qu'il a participé à la libération de Thaon. L'armée a donc été aidée par les résistants.
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